BESNOITIOSE

La Besnoitiose s’achète et s’installe : ce n’est pas un cadeau !

Maladie parasitaire transmise par des taons et des mouches, la Besnoitiose est en pleine expansion en France : retenez son nom, vous allez continuer à en entendre parler !

Connue historiquement dans le sud de la France, cette maladie est en pleine migration, depuis près de 7 ans, vers le Nord, due exclusivement à l’achat d’animaux porteurs de cette maladie. Les GDS du Grand Est ont choisi de la chercher pour assurer la protection de nos éleveurs. D’ailleurs, plusieurs cas ont été identifiés dans la région Lorraine !

Notre objectif est de garder un cheptel sain

   ** Descriptif de la maladie 

La Besnoitiose est une maladie parasitaire causée par le parasite Besnoitia (famille des coccidies), qui vit dans les parois des vaisseaux sanguins et s’enkyste sous la peau. L’évolution de la maladie peut prendre des mois. Et quand un animal est porteur, il n’est pas systématiquement malade : seulement entre 2 à 10% des animaux porteurs sont malades et peuvent en mourir.

La maladie évolue en trois phases :

  1. Phase Fébrile : 6 à 10 jours après la contamination : fièvre, écoulements nasaux et oculaires, essoufflement de l’animal. Durant cette 1ère phase, le dosage d’anticorps par prise de sang ne sert à rien (résultat négatif, alors que l’animal vient d’être contaminé).
  2. Phase des Œdèmes : elle peut durer jusqu’à un mois, et se caractérise par des œdèmes sous-cutanés chauds et douloureux, répartis sur la tête, les extrémités des membres, la mamelle… Durant cette seconde phase, le contrôle d’anticorps par prise de sang ne sert à rien (pareil qu’en 1ère phase).

Pendant les 2 dernières phases, une PCR Besnoitiose sur biopsie cutanée est envisageable pour identifier la présence du parasite.

  1. Phase finale de Sclérodermie (comme de la peau d’éléphant) : elle engendre la mort dans environ 30% des cas, par épuisement de l’animal. On observe des plaques de nécrose, plissées et cartonnées, qui remplacent les œdèmes. Des conjonctivites apparaissent, les bovins ont tendance à fuir la lumière. A la fin de cette phase, le contrôle d’anticorps par prise de sang est seulement réalisable et fiable (environ 6 semaines après la contamination).

Cette maladie parasitaire se transmet par des vecteurs, en particulier par piqûres de taons. Elle est également possible par injection avec du matériel à usage collectif (vaccinations).

 

    ** Contexte français

Actuellement, en France, les actions concernant cette maladie sont diverses, voire inexistantes :

  • L’Etat ne s’en occupe pas.
  • Certains ont « choisi de (sur-) vivre» avec, c’est le cas des départements du Sud et certains départements proches. Ils commencent à changer d’avis en raison du coût des pertes animales et de l’ampleur que prend la maladie.
  • D’autres la gèrent au cas par cas.
  • D’autres, plus chanceux, n’ont jamais eu de cas et d’ailleurs ne connaissent pas la maladie (comme nous avant). Est-ce parce qu’il n’y a pas de maladie, ou est-ce parce qu’il ne la recherche pas ?
  • D’autres choisissent de faire comme si « ça ne leur arrivera jamais ».
  • D’autres essaient de limiter son entrée et son amplification dans le département. Les GDS de Lorraine sont sur cette voie.

 

Le GDS des Vosges, soutenu par ses éleveurs et leurs vétérinaires, n’a jamais pris l’habitude de faire « l’autruche ». Nous préférons prendre les devants et agir.

Le rôle du GDS est, entre autres, de faire de la surveillance et de la prévention sanitaire collective. Il est urgent de prendre les bonnes mesures pour limiter les propagations par voisinage ou vente.

Moins la maladie sera implantée, et plus il sera facile de la gérer et à moindre coût pour tous.

  **  Quand elle est présente : identifier et vite réformer

Heureusement, dans les élevages où un animal porteur est introduit, la maladie évolue lentement (10-20 % d’animaux positifs la 1ère année, 20-40% la 2ème année etc…) et dépend des pratiques des éleveurs (désinsectisation, pratiques vaccinales). Economiquement, cette maladie peut toutefois vite coûter chère aux éleveurs, d’où l’intérêt d’agir vite.

Lors d’un diagnostic positif avec ou sans signes cliniques visibles, la seule destination possible est l’élimination rapide (sous 15 jours) des animaux infestés. Lorsqu’ils sont en bon état, ces animaux porteurs de Besnoitiose peuvent être abattus ; la viande est consommable.

 

     **  Comment se protéger ?

La maladie progresse vite dans certains départements, principalement à cause d’achat d’animaux porteurs de cette maladie ! Malheureusement, ceux-ci circulent librement. Il est utile de signer un contrat (Billet de garantie conventionnelle) lors de l’achat d’animaux pour qu’en cas de positivité (lors du contrôle à l’achat) le vendeur soit obligé de reprendre l’animal porteur : ce n’est pas un vice rédhibitoire.

  • Deux actions sont possibles :

 1.Gestion des animaux introduits issus de zones à risque (mise en place depuis 2016) . Le GDS gère ce risque deux fois par an. Nous envoyons aux élevages concernés par des achats d’animaux issus de zones à risque, des demandes d’analyse ; le risque est réel.

En novembre 2018, nous avons demandé à réaliser des analyses sur 405 animaux introduits et à risque, seulement 219 ont été réalisées : c’est insuffisant ! Parmi ces analyses, nous avons détecté 2 animaux positifs. Nous avons fait le nécessaire avec l’éleveur et nous avons réussi à limiter les contaminations des autres animaux. C’est pourquoi, il est impératif de réaliser les analyses que nous demandons pour agir vite et bien.

2.Connaissance de la situation du département par, dans un premier temps, des analyses de lait de tank, réalisées en août 2019 : les résultats ne sont pas tous négatifs, des recontrôles sont en cours.

Les outils analytiques sérologiques actuels à notre disposition ne nous permettent pas d’être sûr d’une situation, mais peuvent toutefois nous aider à estimer si un élevage est à risque ou pas. Des analyses complémentaires sont souvent nécessaires.

     ** Recommandation

Avant d’arriver à des situations extrêmes d’abattage des animaux positifs, des solutions de protection sont plus avisées, moins coûteuses et surtout moins traumatisantes pour les éleveurs. En effet, une simple prise de sang de contrôle lors d’achat d’animaux (avec analyse sérologique Besnoitiose 10 euros) suffit à limiter son introduction.

Pour tout achat de bovin de plus de 2 mois, issu d’un département non favorable, il est recommandé de faire une simple prise de sang à l’achat en vue d’une analyse sérologique Besnoitiose.

 Le GDS accompagné des vétérinaires savent gérer cette maladie (cas géré dans les Vosges en 2016 et assaini). Nous connaissons les risques pour vos élevages, mais nous ne connaissons pas avec exactitude leur situation et nous n’avons aucune certitude quant à vos achats (passés, actuels ou futurs), sauf s’ils sont contrôlés. Le GDS des Vosges y travaille, ne soyez pas étonné d’en entendre parler.

 

Carine HAAS, conseillère en santé animale au GDS 88.

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